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CFP: Aux marges de l’imprimé, l’imprimé à la marge : Cultures populaires, minoritaires et alternatives de l’imprimé 1840-1940

Depuis quelques décennies, les humanités anglophones ont intégré le concept de print culture ou « culture de l’imprimé », autour duquel s’est épanoui un écosystème de domaines d’études tels que les jeunes periodical studies. Employée en 1979 par Elizabeth Eisenstein dans son texte fondateur, The Printing Press as an Agent of Change, l’expression désignait avant tout un rapport nouveau au texte, rendu disséminable à grande échelle par le développement de l’imprimerie, et source supposée d’une transformation radicale de la civilisation occidentale. Cependant, comme ont pu le souligner les historiens du livre français depuis les années 1980, annonciateurs des travaux les plus récents consacrés à la littérature populaire ou à la culture matérielle, l’imprimé est loin d’être réductible au livre, de fait minoritaire, mais englobe un ensemble vaste d’objets éphémères ou périodiques, d’affiches, d’images, de pamphlets, de billets, qui tous génèrent leurs propres usages, leurs propres pratiques, et contribuent à modifier profondément les perceptions du temps et de l’espace et les représentations du monde. La culture de l’imprimé est indissociable de l’entrée dans la modernité médiatique, et c’est en particulier le cas des pratiques et des usages qui se développent à la fin du XIXe siècle autour de nouveaux objets imprimés en masse, produits de l’industrialisation et de la mise au point de nouvelles techniques de reproduction, de la litho- et chromolithographie à l’offset.

Dans le sillage de réflexions sur la culture matérielle en archéologie et en anthropologie, les chercheurs et chercheuses en culture visuelle et en histoire de l’art s’interrogent de plus en plus sur les pratiques de l’ordinaire et les formes visuelles du quotidien. On observe ainsi récemment une rencontre des études littéraires, des études médiatiques et des études visuelles autour de la question de l’imprimé comme élément central de nos cultures matérielles modernes et contemporaines. Cependant, dans les faits, les contacts sont rares entre ces disciplines. C’est pourquoi cette journée d’étude se propose de fédérer les chercheurs, chercheuses et étudiant·e·s francophones dont les travaux portent sur des objets, textuels ou iconiques, imprimés entre la décennie 1840 et la fin de l’entre-deux-guerres, c’est-à-dire entre l’ère de l’explosion des imprimés bon marché en Europe et l’aboutissement de l’entrée en culture de masse d’une large portion de l’Occident ; sur leurs modes de production, les valeurs qui leur sont attachées, les usages et les pratiques qu’ils produisent ou dans lesquels ils s’insèrent. Une attention particulière pourra ainsi être accordée au graphisme, aux caractéristiques typographiques, aux supports et aux techniques d’impression. Seront attendues avant tout, des contributions qui mettront l’accent sur des problématiques innovantes et peu traitées jusqu’à présent par la recherche sur la culture de l’imprimé, sans limitation géographique, en particulier sur des objets à la marge de la définition dominante de l’imprimé, populaires, vernaculaires, mineurs, subversifs (imprimés publicitaires et commerciaux, petite imagerie, tracts politiques, publications clandestines, pornographie…) ; et sur des usages et pratiques de l’imprimé minoritaires ou alternatives, tant du côté de la production que de la réception.

Les propositions (300 mots) pour des interventions de 20 minutes devront être envoyées à nathalie.sebayashi@ehess.fr et laura.truxa@ehess.fr avant le 30 septembre 2020. Les contributions de jeunes chercheurs et chercheuses, en particulier de doctorant·e·s et de masterant·e·s, sont les bienvenues.
[ssba]

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